La forêt – par Mathias Bruhlmann
Intro
(Le but de mes photographies)
Au travers des rencontres d’animaux que je fais, je cherche à voir la beauté de chaque espèce et de vivre un instant particulier avec elle. Ces instants sont une nourriture pour l’âme. Un photographe reconnu (Vincent Munier) parle d’émerveillement. Cet émerveillement de plus en plus profond suscite des questions existentielles et un étonnement sans fin. La beauté est cachée par un voile mais celui qui cherche trouve. Cet émerveillement me conduit vers la Source de la vie !
Les photos de bûcheronnage sont un moyen de valoriser mes collègues forestiers ainsi que de mettre en avant le travail de bûcheron, un travail dans un environnement magnifique mais en même temps un travail très rude physiquement.
La forêt
Là où vivent de nombreux animaux et autres espèces, mystère revêtu d’un silence, comme un manteau qui nous couvre. Ce silence crie et nous appelle dans les profondeurs : celles de notre coeur !
Merveilles de la forêt
Que regardes-tu, animal ? Pourquoi fuir et être sauvage ? D’où te vient cette sauvagerie ?
Dans le silence de la forêt se cache toutes sortes de beautés. Ce que je recherche, c’est la rencontre avec des animaux car cela m’émeut sans pouvoir l’expliquer. Selon ma conviction la sauvagerie des animaux découle plutôt du comportement sauvage de l’homme. La nature reflète l’état de l’homme comme dans un miroir. Le documentaire « La sagesse de la pieuvre » parle d’un homme qui s’est pris d’amour pour une pieuvre. Cette pieuvre, avant de mourir, a eu un geste d’affection envers cet homme. Ce geste inhabituel montre que c’est possible, que ça existe. Ce contact est passionnant et vivifiant !
Dans la forêt se trouvent aussi les forestiers !
C’est là le deuxième objet de mes photographies. Voici ainsi l’explication des photos exposées.
Le forestier de cette première image exposée est un apprenti qui se reconvertit dans ce travail. Sur la photo, il effectue des empattements sur pied. C’est-à-dire qu’il arrondit le pied de l’arbre pour que le tronc entier soit cylindrique. Lors de cette photo, je ne voulais pas prendre l’appareil car la lumière extérieure n’était pas très bonne. Finalement, j’en ai été très content. Cette photo illustre bien le forestier-bûcheron actuel, de par son positionnement physique dans les règles de l’art ainsi que ses vêtements typiques.
Ces trois dernières images ont été prises lors de la découpe d’un arbre renversé par le vent. L’arbre renversé peut représenter un grand danger pour les forestiers. L’exécuteur du travail de débitage (découpe de l’arbre en longueurs souhaitées) doit se placer judicieusement afin de ne pas se faire écraser par une partie de l’arbre. Sur l’image ci-dessus, nous voyons un petit morceau au sol du côté gauche du tronc, là où l’apprenti forestier est dessus avec sa tronçonneuse. Si l’exécutant se place de ce côté au moment où il finit son travail de débitage et que la pièce tombe, il se fait écraser. Les forestiers sont toujours confrontés à des questions de sécurité qui peuvent mettre en péril leur vie. Cet arbre est encore posé sur une souche d’un vieil arbre, c’est pourquoi il reste à hauteur (voir image ci-dessous du tronc posé, l’apprenti forestier exécute la deuxième taille de débitage).
Le forestier de cette image vient d’un autre pays, il a dû fuir son pays en guerre ainsi que sa famille pour des questions de survie. Il est en cours d’intégration et s’exerce afin d’obtenir un CFC. C’est un homme précieux pour le travail tant par son dévouement que par sa gentillesse.
Cet arbre abattu penchait contre la droite en regardant la photo (les arbres ne sont pas toujours bien droits). C’est pourquoi nous pouvons voir une charnière (le bois déchiré sur le tronc) conique. SI nous regardons le tronc en face comme ici, nous voyons que la charnière, du côté du forestier (à la hauteur de sa ceinture), est plus large que le côté opposé. Ceci justement pour compenser l’inclinaison naturelle de l’arbre du côté droite. L’exécution de cet abattage par le forestier est excellente.
Entreprise Pierre Porchet, située à Orbe.
Pour y avoir travaillé, je sais que c’est une entreprise de qualité. Le patron très sérieux est un forestier de grande expérience capable de régler tous les problèmes touchants au monde forestier. Mon passage dans cette entreprise m’a apporté une expérience dans toute les branches du métier. Sa machine est une récolteuse (processeur). Légère, elle ne compacte pas trop le sol et fourni un grand rendement. Ces machines sont une grande aide car pour certains travaux, elle soulage le forestier et permet aussi de lutter efficacement contre le bostryche (insecte qui ravage le bois).
Et enfin la dernière photo, celle qui est vraiment très particulière pour moi, celle d’un jeune apprenti vaudois.
Son abattage a été magnifique et très bien exécuté, compte tenu du grand diamètre de l’arbre et de l’expérience du jeune homme, en première année d’apprentissage. Cette photo illustre la violence d’un arbre coupé qui tombe mais en même temps avec la lumière du soleil en face, comme un espoir de quelque chose.
Ce jeune apprenti n’est plus en ce monde aujourd’hui, à la suite d’un accident (non forestier). C’est pourquoi cette photo, ainsi que cette interprétation de la violence de l’arbre qui tombe, avec en face la Lumière, m’est précieuse !
Si vous avez des questions ou des réflexions à partager concernant les idées et convictions que j’ai exprimées dans cette description, n’hésitez pas à me les communiquer (demandez mon adresse mail via le formulaire de contact) j’y répondrai avec joie !
Crédits textes et images : Mathias Bruhlmann